Prologue

Publié le par Kervinia

J'essaye sans cesse d'écrire cette histoire qui me hante depuis que j'ai huit ans... ^^' A chaque fois, je recommence... Seul le prologue demeure inchangé. J'essayerai indéfiniment jusqu'à ce que parvienne à mes fins.

PROLOGUE

- Señora, peut-être serait-il judicieux de rentrer...
 Elle ne se retourna pas, mais le devina sans peine. Il se tenait derrière elle, droit comme s'il craignait que l'on remette en doute sa valeur et sa dignité. Une dizaine de mètres les séparait, mais elle sentait émaner de lui comme un double parfum, un mélange de prudence et d'amitié profonde. Elle comprenait sa crainte, mais pas son amitié.
- Ce soir, je ne rentrerai pas.
 Elle avait prononcé ces mots sans véritablement s'en rendre compte. Elle n'était déjà plus de ce monde...
- Señora..., insista l'homme, d'une voix avec laquelle un matin brumeux n'aurait pu rivaliser de douceur. Le froid est meurtrier. Rentrez, je vous en prie...
 Une larme, adorablement petite, ruissela discrètement sur l'une des joues de la femme. L'air glacé de cette sombre soirée d'hiver la gela en un éclair et elle tomba sur le sol, se brisant au même instant. Malgré tout, lorsque la voix de la femme retentit à nouveau, elle était calme et paisible.
- Une étoile est morte ce soir... Je l'ai vue s'éteindre brusquement. Elle devait être lasse de la folie des hommes.
- La seule étoile que je connaisse devrait rentrer avant de la rejoindre.
 Comme poussée par une force incontrôlable, la femme se retourna. Fidèle à son habitude, l'homme fut saisi par sa beauté, mais plus encore par l'orage de désespoir qu'il sentit alors gronder dans toutes les parcelles de son être. A ce moment-là, il ne souhaitait qu'une chose : protéger cette rose aux pétales fragiles. Non pas parce qu'il l'aimait comme on aime une amante ; son amour pour elle était encore plus étrange, presque impossible à cerner. Lui-même n'aurait jamais su l'expliquer tout à fait. Il n'avait de toutes les façons jamais songé à le faire.
- Pourquoi es-tu si gentil, Antonio ? Seuls les méchants ont une chance dans ce monde. Regarde autour de toi. Etre gentil, c'est se condamner avant même d'avoir pu lancer les dés. Ne sois pas gentil, Antonio ! Ne te condamne pas !  Personne ici-bas ne mérite cette peine. Personne ici-bas ne mérite ton sacrifice.
 L'homme avança d'un pas, les yeux écarquillés par l'appréhension.
- Il y a au moins vous...
- Pauvre idiot ! répliqua la femme, d'une voix où perçait une douleur étrange. Je suis la dernière personne à mériter cela.
 Elle laissa peser un silence, durant lequel Antonio n'osa rien dire.
- Approche-toi..., lui murmura-t-elle finalement.
 L'homme s'exécuta, à la manière d'un automate. Lorsqu'il fut à portée de sa main, elle lui caressa le visage avec tendresse.
- Sous l'oreiller, lui chuchota-t-elle. Tu t'en souviendras ? Sous l'oreiller...
 Elle voulut reculer, mais l'homme la retint.
- Ne commettez pas l'irréparable, l'implora-t-il, au bord des larmes.
 Elle s'efforça de lui sourire, mais le regard qu'elle lui offrait était d'un vide néantique ; l'absence s'emparait de son corps.
- L'irréparable est déjà commis, lui souffla-t-elle d'une voix étrange.
 A ce moment-là, Antonio comprit qu'il était trop tard : rien ni personne ne pourrait plus la sauver. Il se pencha et baisa sa main, puis il se retourna, essayant d'oublier qu'il ne la reverrait pas.
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
E
Mirchi beaucoup ! =DLa suite ce soir ou dans deux jours, promis ! =)
Répondre
H
Un texte qui ne laisse pas de glace. La suite por favor *___*
Répondre