Chapitre 1 (2ème fournée)
Et v'là la suite, avec un dialogue pour une fois. xD Bonne lecture.
Le sourire aux lèvres, Salim contemplait ses proies virtuelles ; sourire empreint de moquerie et de vanité puérile. Vanessa, Céline, Lucie, Marie,... Autant de noms qui n'avaient pour lui aucune autre signification que "j'assure grave !"... Il se sentait beau, puissant, désiré ; il ne cherchait pas à voir plus loin. A quoi est-ce que ça lui aurait servi ? Il avait gagné un passe pour le pays des rêves et n'avait aucune envie de revenir sur le sol de la sinistre réalité. Besoin de s'évader, de fuir ; pas assez de courage. Sourire ineffaçable, provocateur ; sourire insupportable.
Marie, l'une des filles qu'il s'amusait à draguer virtuellement, semblait particulièrement accro à lui et cela l'amusait beaucoup. Pour elle, il revêtait l'habit de Roméo, l'inondant de guimauves à tout va. Il se faisait romantique, lui qui n'avait jamais rien eu à cirer de l'amour avec un grand A. Il lisait les réponses fiévreuses de Marie avec beaucoup d'amusement. Parfois, Nawal l'entendait rire à gorge déployé, percevant bien dans ce rire explosif la cruauté de son petit-frère. "Encore un sale coup pour la pauvre Marie, je suppose", pensait-elle dans ces moments-là, car Salim ne manquait pas de la tenir au courant de ses "exploits".
- Tu me passeras l'ordi dans un quart d'heure, annonça Nawal, l'air complètement morne.
- Non, mais attends, là, c'est trop drôle !
- M'en fous.
- Mais regarde, au moins ! Cette fille est complètement barrée, c'est du délire. Elle voudrait qu'on fugue pour se retrouver et vivre notre amûûûr à fond jusqu'au fin fond de l'éternité. C'est trop MDR !
- Moi, je la plains, la petite Marie. Tu lui as détruit le cerveau.
- Si tu veux mon avis, elle n'en a jamais eu, de cerveau.
- Tu es cruel.
- Je suis réaliste.
- Réaliste ? Comment peut-on l'être quand on se noie dans le virtuel ?
Des larmes roulèrent brusquement sur les joues de Nawal, puis elles gagnèrent en vitesse et en nombre, si bien que la jeune fille ne savait plus du tout quoi faire pour arrêter cette violente marée. Salim, pour sa part, ne savait comment réagir face à cette crise de larmes soudaine. Impossible de cliquer sur "bloquer" ou "déconnexion"...
- Eh, la pleurnicharde, il t'arrive quoi ?
Oui, tout semble tellement plus facile sur le net... On s'y croit aisément maître de tout... Une souris et un clavier suffisent à nous donner tous les pouvoirs. Un simple clic et hop ! on peut tourner la page... L'écran nous protège, rien ne peut nous atteindre. Du plaisir, de la jouissance, mais pas de souffrance. On peut s'exhiber sans se montrer. Ô puissante magie du net, comme ton apparente grandeur illusionne même les meilleurs esprits ! Plus besoin de Peter Pan, plus besoin de poussière de fée pour se rendre dans le Pays Imaginaire... La mort d'un Rêve pour un Rêve d'une autre nature...
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