"Le Chevalier Des Touches" de Barbey d'Aurevilly

Publié le par Kervinia

Bon, cela fait longtemps que je n'ai pas parlé littérature !
Il faut dire que je délaisse un peu mon blog en ce moment, je m'en excuse. Ce n'est qu'une période, car ce blog m'est cher.

L'histoire
Barbey d'Aurevilly raconte dans ce livre une histoire vraie : celle de la délivrance du Chevalier Des Touches, héros au service d'un royalisme qui se meurt, par douze de ses compagnons, des chouans tout comme lui. C'est à l'une d'entre eux, Barbe de Percy, que l'auteur donne à raconter tout cela, dans un salon antique du 19è siècle, à ses vieux amis, tous victimes de la Révolution. En parallèle, se détache une histoire d'amour tragique, celle de la belle Aimée, qui porte si bien son nom, et d'un compagnon d'armes du Chevalier Des Touches, surnommé par tous M. Jacques.

Mon avis
J'avais un peu peur pour tout vous dire : un royaliste fanatique qui écrit sur des royalistes fanatiques... De quoi craindre le pire. Et puis, finalement, j'ai adoré. Le Chevalier Des Touches est exécrable, mais pour ce qu'on le voit... En revanche, je me suis beaucoup attachée aux deux héroïnes de cette histoire : Barbe de Percy, l'homme manqué, et Aimée de Spens, la grande amoureuse au courage indéniable. Du point de vue du style, je dirais que c'est assez inégal. Il y a des passages qui me semblent un peu lourds de ce point de vue là, et d'autres qui sont absolument magnifiques, de vrais chef d'oeuvres. La fin, notamment, est sublime. Quant à la dramatisation, l'auteur la maîtrise parfaitement. Je vous le conseille vraiment.

Extrait
[Chapitre IV ; au moment où je commence, c'est Barbe de Percy qui parle]
- Quelques hommes suffisaient pour enlever Des Touches, et ceux qu'on choisit à Touffedelys étaient hommes à aller le reprendre sous le tranchant de la guillotine ou à la gueule de l'enfer... Ce sont ceux-là que depuis on a appelés les Douze, et qui ont perdu dans ce nom collectif des Douze leur nom particulier que personne ne sait à cette heure.
- Parfaitement vrai ! dit M. de Fierdrap intéressé, qui décroisa ses jambes de fer, et refit, en sens inverse, l'X qu'elles formaient. Nous n'avons pas entendu dire un seul de leurs noms en Angleterre, n'est-ce pas l'abbé ? et Sainte-Suzanne lui-même ne les savait pas.
- Et quand celle qui vous raconte cette histoire, au coin du feu, dans cette petite ville endormie, reprit mademoiselle de Percy, sera couchée dans sa bière, sous sa croix, dans le cimetière de Valognes, il n'y aura plus personne pour dire ces noms oubliés à personne... Ceux qui les ont portés étaient trop fiers pour se plaindre de l'injustice ou de la bêtise de la gloire.
"Aimée que vous voyez d'ici, abîmée en elle-même bien plus que dans sa broderie, s'est absorbée dans son M. Jacques, et Sainte et Ursule de Touffedelys ne vous diraient peut-être pas tous les douze noms des Douze, mais moi, je le puis, je les sais ! Et, après ma mort, - ajouta-t-elle, presque belle d'enthousiasme mélancolique, elle, qui n'était qu'un laideron joyeux, - tout le temps que je ne serai pas tout à fait dissoute en poussière, ces noms qui méritaient la gloire et qui ne l'ont pas eue ! On les trouvera dans mon coeur."

Publié dans Livres & Mangas

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