D'une rive à l'autre...

Publié le par Kervinia

Petite fille paranoïaque a parfois de bonnes intuitions. Surtout quand on va la larguer... Il m'a quittée dans un affreux silence. Il a fait autant d'efforts que son maigre courage pouvait lui permettre. Il a fait mieux que les autres, comment lui en vouloir ? J'aurais voulu ne pas pleurer, mais je suis trop faible pour ça. Samuel, ce n'était pas à toi de te traiter de salaud ; c'est moi qui aurait dû... C'est plus simple de s'insulter soi-même que de se recevoir des insultes à la figure... Mais nous sommes peut-être tous des salauds à notre manière, alors je ne t'en veux pas. C'est trop fatigant d'en vouloir à quelqu'un, de toutes les façons... Et puis, après m'avoir tant ramassée à la petite cuillère, tu avais bien le droit à l'erreur... Je suppose...
Alors j'ai quittée sa rive, raccrochant le téléphone, manquant de me noyer dans les flots de mon désespoir. Le courant était de plus en plus violent, de plus en plus fort ; des rapides ! Terreur ! Déjà la vision de l'Abîme, de l'Enfer ! Et moi, petite fille stupide, j'étais incapable de me sortir de ce merdier... Ô terrible et effroyable faiblesse qui me paralyse jour après jour...
Et puis, une main... De l'autre rive... Un regard triste qui me dit : "Ne te noie pas !" Et cette main saisit la mienne, faisant de son mieux pour m'attirer sur la terre ferme... Mon embarcation partit se briser dans les chutes, et moi je L'implorait : "Ne me lâche pas !" Si peur du gouffre... Si peur ! Mes deux pieds ont rejoint la terre ferme, mais je sens mes jambes flageoler encore et encore... Jonathan, ne m'abandonne pas ; veille sur moi comme tu l'as toujours fait... La princesse gothique a peur du noir.

Publié dans Un zeste de soupir

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